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Qu’est-ce qu’un Asana ?

Connue de tous les aspirants au yoga, l’asana c’est la posture de yoga. L’asana est un élément incontournable de la pratique, voire une icône majeure du yoga. Quel en est son sens, qu’est-ce qu’un Asana dans le Hatha Yoga Traditionnel ?

Les pouvoirs de l’Asana

Les yogis ont découvert que certaines postures du corps, les asanas, avaient une valeur libératrice et un pouvoir de transformation sur les plans physique, énergétique et psychique. D’une part, au niveau du corps, la posture élimine les blocages et les tensions. D’autre part, l’asana permet de gagner en amplitude, de s’assouplir et de se muscler. Par ailleurs, sur un plan énergétique, l’asana est un condensateur. En effet, elle cible une zone du système énergétique. L’asana oriente l’énergie et facilite sa circulation et le développement de certains chakras. Enfin, en ce qui concerne le mental, l’asana brise nos conditionnements, nos limitations. La posture nous élève, la posture redonne de la souplesse à notre esprit.

L’Asana, outil d’exploration

Qu’est-ce qu’un asana ? Fondamentalement c’est une porte à partir de laquelle nous pouvons explorer les potentiels du corps, du souffle, de l’esprit et des états supérieurs de conscience.

 

Cette définition nous ramène à l’essence du yoga traditionnel, notamment normalisée par  les Aphorismes sur le Yoga (Yoga-sutra) de Patanjali. Dans ces Aphorismes le yoga est décrit comme une : « codification précise et ordonnée de l’ensemble des méthodes pratiques devant être mises en oeuvre si l’on veut atteindre la finalité suprême de l’être humain selon la civilisation indienne : la « réalisation du Soi » ou « libération spirituelle » (moksa). En un mot (…) la Science de la Délivrance. » Tara Michaël.

L’Asana, voie de libération

Restons avec Tara Michaël et appuyons notre compréhension de la posture sur son expérience et son texte : « La valeur libératrice de la prise de posture dans le yoga classique ». Dans cet écrit elle fait le lien entre la libération ultime et la prise de posture.

« Il est évident dans cette perspective où tout le dynamisme de l’ascèse est d’aboutir au samadhi (éveil) et de l’approfondir. La position que l’on assume n’a à première vue d’autre rôle que d’assurer au corps le maximum d’aise, de stabilité et de vigilance et de permettre une longue immobilité dans la méditation. C’est pourquoi Patanjali définit la posture de Yoga comme « stable et agréable ». C’est la définition la plus générale et la plus appropriée. Il faut qu’elle soit parfaitement stable et ne cause aucune sensation douloureuse, quelle que soit sa configuration. Toutefois les choses ne sont pas si simples qu’il y paraît, car cette aise est comme dans tous les arts le résultat d’un effort réussi.

Viser la régularité de la pratique

La pratique de l’asana ne peut atteindre la perfection du naturel sans passer par une phase préliminaire assidue. Cette phase permet de prendre la mesure de certaines difficultés et de les dépasser. Les difficultés s’atténuent et disparaissent avec la pratique. Cela se fait grâce aux deux méthodes indiquées par Patanjali au sutra 47 : « par la diminution progressive de l’effort et par la méditation sur l’infini. »

 

« Au fur et à mesure que l’effort requis diminue, la décontraction systématique devient possible. (…) Par un effort lent, progressif et doux, n’importe quelle posture peut devenir facile et habituelle. (…) Alors que tout effort violent mène à la douleur et à l’instabilité. Quand la posture est assumée, il est bon de dégager l’esprit entièrement, et de le fixer sur l’infini, c’est à dire l’espace infini (akasa) ou Dieu (Isvara) ». La fixation de l’esprit sur l’infini est formulée ainsi : « Mon corps est devenu semblable au vide se dissolvant dans l’espace infini et je suis devenu comme la vaste étendue du ciel. »

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Marichyasana ©stage.yoga

Asana & Immobilité

Ce dernier extrait du texte de Tara Michaël nous rappelle l’importance accordée au temps passé dans une posture de yoga immobile. Sans cela l’impact sur le corps, l’énergie ou le mental ne peut être que superficiel. C’est ce que nous expérimentons lors des stages de yoga où les temps des postures sont pertinents quant aux résultats recherchés. Cela est d’autant plus vrai en ce qui concerne la « souplesse de notre esprit». En ce sens l’asana se révèle comme une porte d’entrée accessible (davantage que le pranayama) pour goûter peu à peu aux saveurs d’un espace psychique transformé.

L’immobilité élève notre conscience

« La fermeté et l’immobilité du corps ont permis à l’esprit de se stabiliser et de s’harmoniser à l’infini. La principale visée transformatrice porte sur la pensée. Ses mécanismes courants doivent être abandonnées et pacifiés pour permettre à la conscience de changer de niveau. Il s’agit bien d’une modification volontaire du fonctionnement de notre propre esprit. Cela consiste à établir celui-ci dans un calme de plus en plus poussé, qui loin d’aboutir à la torpeur ou au sommeil, s’achemine vers un état particulier d’hyperconscience et vient fouiller les racines de l’être. (…) C’est en premier lieu la posture, immobilisation du corps, qui conduit à une immobilisation de l’esprit. »

« L’asana ouvre donc la voie vers l’intériorité. L’attention alerte et l’apaisement sont ses deux composantes. Il rassemble les membres dispersés et agités du corps humain et les établit dans une configuration harmonieuse. Sans cette unification produite par l’asana au niveau corporel, les possibilités de se centrer et de s’ouvrir à une dimension transcendante ne se présentent pas ou passent inaperçues. C’est le premier pas concret fait en vue de l’abolition des modalités de conscience ordinaires. (…) Dans cette perspective, la prise de posture est le pas décisif par lequel l’homme abandonne l’expérience du monde phénoménal (…) pour partir en quête de la Réalité inconditionnée. Son apparente impassibilité cache une sensibilité accrue à toutes les formes subtiles de la psyché. Bien qu’il ait l’air d’une statue, (…) intense est son non-effort, (…) son lâcher prise pour laisser s’apaiser et se dissoudre ces tourbillons mentaux. »

Revenir à la source

« Il faut une présence plus grande pour éliminer ou laisser s’évanouir les pensées, les émotions et les images auxquelles la conscience normalement s’identifie, que pour se confondre avec elles et être emporté par leur flux perpétuel. (…) Par l’asana prolongé par le retrait des sens (pratyahara) et les autres anga (étape du yoga) l’attention du yogin est ramenée à la citadelle de son propre corps. (…) Les sens atteignent la neutralité et l’introversion. L’esprit devenu impartial se dépouille de sa mobilité. Les processus mentaux se ralentissent et se raréfient, jusqu’à cesser complètement, et l’énergie spirituelle commence à échapper aux fonctionnements qui la conditionnent habituellement. » Tara Michaël.

Au-delà des premiers bienfaits physiques et psychiques que le yoga peut offrir, les mots de Tara Michaël illustrent une perspective réelle de la pratique du hatha yoga traditionnel. En effet, la pratique régulière offre une telle libération et cette pratique est accessible à celle ou celui qui a le désir profond de s’investir. Plus la pratique du yoga est régulière, engagée, sincère plus ses bienfaits et les secrets qu’elle peut révéler sont profonds.

La science du yoga est bien à l’image de la métaphysique de l’hindouisme pour qui « connaître en vue d’accumuler des savoirs, analyser le créé sans profit pour l’être, n’a pas d’intérêt substantiel. Seul l’expérimentation in concreto permet la découverte de la nature des choses. Les données ontologiques doivent être vécues, et le critère de la vérité est l’expérience ou vérification par soi-même. » Tara Michaël. Les outils sont là, le yoga porte ce potentiel un peu magique, à travers l’asana, mais aussi le souffle. Ainsi, reste l’élan propre à chacun de placer le curseur de son investissement dans une pratique résolument profonde et transformatrice.

Auteur :
Benjamin BorgStage.Yoga

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